Renforcer le dialogue islamo-chrétien

Le Jubilé de la miséricorde sera l’occasion “pour nous les chrétiens, de regarder avec un œil et une âme de miséricorde les musulmans“, a affirmé le Père Jacques Mourad, le 11 décembre 2015. Sorti il y a quelques semaine d’une prise d’otage par Daech, le prêtre syro-catholique souhaite que l’Année de la miséricorde renforce le dialogue islamo-chrétien, en rappelant aux musulmans que « leur religion est une religion de miséricorde ».

« Chacune de leur prière et chacune de leur initiative est précédée par cette invocation: ‘Au nom de Dieu clément et miséricordieux’. C’est la base de leur religion!“, a affirmé le Père Mourad dans une conférence de presse à Rome.

Au sujet de la « guerre de religion » qui fait rage en Syrie, il affirme: “La religion n’est qu’une couverture, on l’utilise pour faire la guerre“. Selon lui, un dialogue est toujours possible, “même avec Daech“.

Le Père Mourad a insisté sur ce point: “l’ensemble du peuple syrien est victime de cette guerre. Jésus, sur sa croix, a donné sa vie pour tout le monde. L’Eglise est responsable de la paix de tout le monde, pas seulement de sa propre communauté“.

Terre d’accueil

Le prêtre a été particulièrement critique sur le sort réservé aux migrants en Occident: “L’Europe et l’Occident ne se sentent pas assez responsables envers les peuples syriens qui fuient la guerre, les bombardements, des massacres, qui cherchent la route par la mer et finissent par y mourir (…) Comment ces pays peuvent-ils accepter que ces gens meurent de cette manière sans rien faire?“ s’est-il indigné. Chaque personne devrait avoir “le droit de chercher la terre où il peut vivre et faire grandir ses enfants en paix“.

Devant la presse, le Père Mourad a également évoqué sa captivité: “Ils nous disaient: ‘vous devenez musulmans, ou bien on vous coupe la tête’“. La prière du chapelet, mais aussi de celle du bienheureux Charles de Foucauld, qui “a passé sa vie à prier pour le dialogue avec l’islam“, l’aideront à tenir. Un jour, un dialogue surréaliste avec l’un de ses geôliers le bouleverse: “Considère cela comme une retraite spirituelle“, lui dit l’homme, après l’avoir salué, serré la main, et s’être assis à ses côtés, des gestes impensables pour un membre de Daech.


Jacques Mourad

Membre de la communauté Al-Khalil, le Père Mourad dirigeait le monastère œcuménique de Mar Elian, près de la ville de Qaryatayn, à une centaine de kilomètres de Palmyre. Au sein de ce monastère, la principale mission du prêtre syrien était d’œuvrer au dialogue avec les musulmans. Le monastère avait ainsi accueilli en 2013 et 2014 plusieurs centaines de réfugiés musulmans et chrétiens fuyant les villages voisins. Deux mois après son enlèvement, la ville a été envahie par les troupes de Daech, le monastère détruit au bulldozer, et 230 personnes enlevées dont 60 chrétiens. Enlevé lui aussi au monastère avec le diacre Boutros le 21 mai, il est parvenu à s’enfuir cinq mois plus tard, le 10 octobre 2015.

11 décembre 2015 Publié par dans Miséricorde. Mots-clés: